Arrivé à la direction de l’École de la construction en août dernier, Lionel Arlettaz insuffle un vent de renouveau. Passionné par les échanges humains, il voit dans la collaboration une clé pour faire évoluer la formation, et entend replacer l’élève au centre de son parcours, le rendant acteur de son apprentissage. Pour lui, construire l’avenir des jeunes, c’est aussi bâtir celui de toute une région.

- Si je vous demande « qui êtes-vous », que me répondez-vous ?
Je dirai que je suis Valaisan d’origine, que j’habite le canton de Fribourg, que je travaille dans le canton de Vaud, et que je me sens un Romand ouvert sur la diversité, les échanges et le partage d’idées. C’est inspirant d’apprendre à connaître les autres et de chercher à collaborer au mieux avec eux. A l’Ecole de la construction, je suis en lien avec plusieurs branches professionnelles et chaque métier a ses codes, sa vision, et en tant que directeur, je dois être un peu comme un caméléon, pour approcher chaque métier avec la sensibilité adéquate.
- Vous êtes directeur de l’Ecole de la construction depuis le 1er août 2024. Comment se passe cette prise de fonction ?
Ces premiers mois sont passionnants et riches en échanges. Les nombreux contacts avec les différents acteurs m’offrent une vue d’ensemble précieuse pour analyser les pratiques existantes. Cette phase est intense, mais permet de définir les bases d’une orientation stratégique en cohérence avec la vision du Conseil de fondation et en partenariat avec tous les services de la FVE.
- Quelles ont été vos premières actions, et quelle est votre vision à moyen et long terme ?
Ma première action a été de proposer un préapprentissage d’orientation : au lieu de passer une année en école de transition, les jeunes auraient désormais la possibilité de mettre la main à la pâte dans différents métiers. Durant les quatre premiers mois de leur préapprentissage, ils exploreront quatre professions différentes, puis poursuivront leur formation dans celle qui les intéresse le plus. Ce projet est actuellement à l’étude auprès de la Direction générale de l’enseignement post obligatoire, dès lors qu’il s’agit également d’un projet de partenariat public-privé.
Pour la suite, j’aimerai, avec le doyen pédagogique et les enseignants, explorer et faire évoluer nos approches d’enseignement afin qu’elles restent en phase avec les besoins et attentes des générations futures. Mon objectif est de valoriser les compétences actuelles tout en enrichissant nos pratiques grâce à des pédagogies modernes, comme la classe inversée, et en intégrant de nouvelles connaissances qui renforceront l’excellence de notre enseignement. Je souhaite également renforcer le rôle de l’Ecole de la construction auprès des coopérateurs, en leur apportant des outils et des solutions concrètes pour accompagner les jeunes. À plus long terme, je souhaite faire vivre ce site de Tolochenaz, avec des actions ou des journées thématiques moins connotées formation, mais axées sur d’autres thématiques de la construction, comme la journée « réemploi » organisée par le Centre de compétence durabilité en novembre dernier. Pourquoi ne pas accueillir d’autres associations pour des conférences ou des journées spéciales, voire tisser des partenariats avec elles ? Il faut chercher ce qui nous lie et comment fonctionner en interaction. La volonté est réelle d’ouvrir les portes de l’école et de la faire rayonner.
- Vous évoquez la pédagogie moderne et les classes inversées. De quoi s’agit-il ?
Cela consiste à inverser les rôles traditionnels. Par exemple, les élèves découvrent le contenu théorique de leur formation grâce à des supports interactifs comme des vidéos explicatives, des podcasts ou des présentations en ligne. Ensuite, le temps en classe est consacré à des activités pratiques, des projets ou des exercices qui approfondissent les notions découvertes. Les enseignants agissent comme des facilitateurs, répondant aux questions, apportant des clarifications et guidant les élèves dans leurs apprentissages actifs. Cette approche consiste à considérer les jeunes comme des mini-entrepreneurs : on leur donne un cahier des charges pour un chantier et durant les semaines de cours interentreprises, ils doivent mettre en œuvre le mandat confié, avec l’appui des enseignants bien entendu. A la fin, le travail réalisé doit démontrer la maîtrise des compétences visées. Ces méthodes sortent de l’enseignement frontal classique et placent l’élève au cœur de l’apprentissage. L’objectif est de commencer à appliquer certaines de ces méthodes dès la rentrée prochaine avec la mise en œuvre d’une commission pédagogique pour l’école.
- Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre l’Ecole de la Construction ?
Lorsque j’étais chef du Pôle Bâtiment et construction à la Direction général de l’enseignement obligatoire, j’avais des contacts réguliers avec l’Ecole de la construction. Je trouvais ces métiers passionnants, non seulement parce que je trouve génial de terminer sa journée et pouvoir concrètement voir le travail accompli, mais aussi parce que j’admire ces entrepreneurs qui, en plus de gérer leurs entreprises, s’investissent pleinement dans la formation des jeunes. Les métiers de la construction ont une valeur inestimable : ils façonnent le canton de Vaud, voire la Suisse de demain, dans un contexte de transition énergétique, où il est nécessaire d’adapter les méthodes et les matériaux pour répondre aux enjeux climatiques. Alors assez rapidement, je me suis dit que si le poste de direction se libérait à l’Ecole de la construction, je m’y intéresserais. J’ai toujours été motivé par la transmission et la co-construction, avec la volonté d’aider les personnes à acquérir des certifications qui leur permettent d’avancer dans leur parcours de vie.
- Vous connaissez donc parfaitement l’univers de la formation professionnelle… mais qu’ont de particuliers les métiers de la construction ? Quels défis doivent-ils relever ?
On colle sur ces métiers une image encore négative, qui ne reflète plus la réalité. Ces dernières années, le secteur a beaucoup évolué, notamment en matière de bien-être au travail, de santé et de sécurité. Le défi est donc de changer cette perception, tant chez les jeunes que chez leurs parents, pour leur montrer que ces professions valent la peine. Si nous pouvons habiter des maisons ou des appartements, nous faire soigner dans des hôpitaux ou encore étudier dans des écoles, c’est grâce aux métiers de la construction. Il faut les considérer à leur juste valeur, car ils contribuent directement au bien-être de la population. Un autre défi est lié à la transition énergétique : une grande partie des bâtiments actuels doit être rénovée, ce qui demande des compétences spécifiques et des effectifs conséquents. Il est donc important de convaincre les premiers prescripteurs de l’apprentissage, à savoir les parents, de l’importance et des opportunités qu’offrent ces métiers.
- Où voulez-vous l’emmener, cette Ecole de la construction ? Dans 10 ans, vous la voyez où ?
Dans 10 ans, je souhaite que l’École de la construction ait la réputation qu’elle mérite : celle d’une institution moderne, qui permet l’acquisition de compétences de base et supérieures à dispositions des entrepreneurs. Je l’imagine comme un lieu où une personne peut démarrer comme apprenti et, grâce aux opportunités offertes, évoluer pour devenir un professionnel accompli et un entrepreneur reconnu de la région, et au-delà.
- L’Ecole de la construction, c’est…
Le premier pas vers le succès !